Entretien avec James Moutaouadhia et Pierre Visonneau de Deltamod : « On est portés par un alignement des planètes »

Le 12 avril 2021,

Merci au magazine L’Informateur Judiciaire et à sa journaliste Nelly Lambert pour cet article sur notre entreprise Deltamod qui reflète notre philosophie, état d’esprit et perspectives sur l’évolution du bâtiment modulaire de réemploi.

Deltamod (30 personnes, 6 M€ de CA, plus de 10% de croissance par an) c’est une aventure à la fois entrepreneuriale, amicale et familiale qui associe deux couples à Nort-sur-Erdre. Après avoir connu l’échec il y a huit ans, les deux dirigeants James Moutaouadhia et Pierre Visonneau incarnent aujourd’hui le rebond sur un marché du bâtiment modulaire en plein essor.

Couverture Magazine Informateur Judiciaire pour l'article sur Pierre Visonneau et James Moutaouadhia

Comment est née Deltamod ?

James Moutaouadhia : On est amis depuis une vingtaine d’années. Pierre avait une société de négoce modulaire, je l’ai rejoint en 2008.

Pierre Visonneau : J’avais créé cette entreprise fin 2000. On faisait de l’installation pour les constructeurs et les loueurs de bâtiments modulaires. L’activité a connu un premier virage fin 2008 avec l’arrivée de James et le démarrage de l’acti­vité de négoce de bâtiments modulaires. On avait commencé à sensibiliser les clients sur l’intérêt d’acheter de l’occasion.
Mais en 2009, on a subi le retournement économique lié à la crise et on a fait des choix stratégiques un peu défaillants. On s’est mis à acheter des bâtiments modulaires sauf qu’on avait alors une structure d’entreprise trop légère financière­ment… On s’est retrouvés assez rapidement en difficulté. On avait mis dix ans à monter quelque chose qui est tombé en un an. On a connu la procédure de conciliation, le redresse­ment et finalement la liquidation, avec une reprise à la barre du tribunal par une société basée dans le sud de la France. On avait 60 collaborateurs à l’époque, ils en ont repris 30. James et moi avons été dans le wagon de la reprise, sauf que la greffe n’a pas pris.
Début 2013, on s’est retrouvés sans rien, avec beaucoup de dettes à titre personnel. On a fait un audit assez rapide de ce qu’on aimait et de ce qu’on avait envie de faire pour poursuivre la réflexion qu’on avait portée. En 2013, James et mon épouse ont alors créé Deltamod. On a délaissé la partie service en sous-­traitance pour ne faire que du re­conditionnement modulaire. Et on a redémarré tout petits.

Quel est le concept de Deltamod ?

PV : On est partis du constat qu’il y avait trop de gâchis de produits existants, sachant que le bâtiment modulaire est conçu pour une durée de quarante ans et qu’au bout de quinze ans, on peut en faire autre chose. L’idée était de pro­ poser de nouveaux services à des clients qui étaient à la re­ cherche de solutions modulaires de qualité, mais d’occasion. On est dans une démarche d’usage. Finalement, ce qui a eu un effet cisaillant en 2010, avec un stock compliqué à gé­rer, est devenu une force en 2015, avec un parc de bâtiments modulaires d’occasion.

JM : Le fait d’avoir du stock nous a permis de répondre à l’ur­gence. Et comme il y avait une forte activité sur l’ensemble du territoire, on a performé.

On subit tous la crise liée au
Covid, mais on est la preuve que
tout n’est pas en déclin. On ne veut
pas verser dans l’euphorie,
mais il faut aussi savoir positiver!

Pierre Visonneau – Directeur Général Deltamod
© Benjamin Lachenal

Comment l’expliquez-vous ?

PV : C’est dû au retournement de marché, à la prise de conscience collective avec l’amorce du virage de l’économie circulaire. Depuis un an, la crise du Covid est aussi un accé­lérateur de cette prise de conscience beaucoup plus large que notre domaine. Le réemploi touche les téléphones, les voitures, les meubles…

Concrètement, comment fonctionne votre activité ?

JM : On agit de deux manières : d’une part on allonge la du­ rée de vie des modulaires et d’autre part on leur redonne vie en les reconditionnant.

PV : On est capables de donner un deuxième, voire un troisième cycle de vie à un bâtiment modulaire : ces bâtiments sont faits pour être montables, démontables, transportables et reconditionnables. Ce qui fait qu’on se positionne comme un partenaire durable dans le cycle du bâtiment.
On rachète des produits qui ont de deux à vingt ans. On peut agir à hauteur de 5%, et alors on fait de l’achat-revente. C’est possible quand les produits ont été bien conçus et bien entretenus. Mais on peut aussi intervenir jusqu’à 70%. Dans ce cas, on ne garde que l’ossature et on re-fabrique un bâtiment avec des composants d’occasion ou neufs.
L’idée est alors de proposer du sur-mesure. On fonctionne comme un loueur de voitures qui a, dans son parc, des entrées de gamme mais aussi des voitures avec plus d’options qui vont avoir une seconde vie. Dans notre métier, c’est la même chose : nous avons une partie approvisionnée par les acteurs de la location avec un marché standardisé et ça, ce n’est pas notre marché car il est sans valeur ajoutée.
Parallèlement, il y a une partie de la construction modulaire qui s’apparente à du sur-mesure pour des usages prévus à l’origine pour être pérennes et qui finissent par devenir provisoires. Ceux-là reviennent dans le parc d’occasion avec des caractéristiques spécifiques et on les rend plus durables en les réemployant.
Ce qui fait aussi la force de notre métier, c’est que l’on travaille avec tout le monde, sur toute la France. Cela nous permet de répondre à toutes les demandes pour des bureaux, des salles de classe ou de sport, des vestiaires, des centres administratifs… Nos clients sont à 60% des entreprises et 40% des collectivités. Et, depuis quatre ans, on s’occupe du transfert des bâtiments modulaires entre deux sites sur toute la France pour leur donner un nouvel usage. L’intérêt c’est qu’ils ne passent pas alors par la case usine.

Le modulaire a une image
très peu vertueuse que
nous voulons déconstruire
car elle est aujourd’hui fausse.

James Moutaouadhia – Président Directeur Général Deltamod
© Benjamin Lachenal

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Source : L’informateur Judiciaire – article complet en lecture payante

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